Une Ceyradaise nous conte....

"Il était une fois dans mon village, un vieux lavoir, si vieux, les bassins s’écroulaient. Il fut décidé par la Municipalité de l’époque d’en construire un nouveau sur cet emplacement, je pense, après les inondations de 1907 …

Ce nouveau lavoir est magnifique, imposant, presque un monument. On rentre sur un perron. De chaque coté, des escaliers le desservent. Seize bassins : huit de chaque coté, dont quatre très grands. Dans le milieu, une rigole où coule l’eau en abondance. Le trop plein va dans un ruisseau qui sert à l’arrosage des jardins. Du coté de la source, un grand trou : l’eau tombe en petite cascade. Ce lavoir est très haut ; Sur le coté gauche, quatre grandes verrières, et une dans le fond l’éclairent.

Les femmes allaient au lavoir, poussant une brouette chargée d’une gamate (baquet) ou  d’une corbeille remplie de linge. Ce va et vient mettait un peu d’animation dans les rues du village. Mais le Progrès simplifie la vie. Dans chaque famille, la machine à laver le linge est adoptée, c’est une économie de temps et de peine.

Ah ! Si ce lavoir pouvait parler, que de choses il raconterait !

Il y avait les lavandières professionnelles, et toutes les autres. Du matin au soir, les bassins étaient occupés. Parfois des mots un peu vifs, mas pas de dispute « ce n’était pas le Lavoir de Gervaise ». Le bruit de l’eau et du battoir obligeait à parler fort pour s’entendre. Toutes les nouvelles, jolie ou laides, sortaient de là ; il valait mieux en rire qu’en pleurer.

L’inauguration du lavoir a donné lieu à une grande manifestation. Le député, Paul PELISSE, honorait de sa présence la cérémonie. Ce Député était presque un enfant du Pays, venant passer toutes ses vacances chez Marie la voyageuse, rue de l’abreuvoir. C’était vers 1908.

L’eau de moins en moins abondante. La source aurait-elle dévié son cours ? Un dimanche je suis allée dire bonjour au lavoir. Comme autrefois, l’eau cascadait. Je croyais au retour  de la source. Non, ce n’était que l’eau du canal !

Ce lavoir est presque abandonné. Seules quelques personnes l’utilisent encore. Il faut l’entretenir, le respecter. C’est ce qui reste de beau à Ceyras.

Ceyradais, aimons nos vieilles pierres. De génération en génération, elles racontent l’histoire de notre pays, presque millénaire. Qu’il est doux, qu’il est doux d’écouter des histoires, des histoires du temps passé !"


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